Ce qui est amusant avec ce livre, c'est que son auteur est cité par Jean-Paul Demoule dans On a retrouvé l'histoire de France.
Ce livre a survécu à tous nos déménagements puisqu'il avait été offert à Claire par son père à une période de l'adolescence où on peut être séduit par les théories romantiques liées à l'histoire. Je ne l'avais jamais lu. ça a été l'occasion.
Je vous livre un extrait de l'avant-propos qui ne manque pas de saveur ni d'actualité alors que le livre date de 1975:
"L'extraordinaire développement des moyens d'information permet aujourd'hui, aux découvertes scientifiques de se diffuser rapidement et d'une manière généralement fort didactique. Cependant, force nous est de constater que le second tranchant de cette arme se révèle aussi redoutable que le premier peut se montrer efficace.
En peu de mots, pour le secteur de l'archéologie, disons qu'à chaque information authentique présentée par un savant, correspond, hélas! la publication d'une sottise ou d'une mystification. Mieux même, ces aberrations trouvent trouvent souvent à la fois plus de facilité à paraître et plus de crédit auprès du public que les ouvrages écrits par les archéologues."
Effectivement, nous pourrions reconnaître internet permettant de diffuser un amas de "sottises" (le mot est joli) bien loin et de la rationnalité et du raisonnable.
D'ailleurs pour ceux qui auraient raté l'affaire, sur M6, pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps a été diffusé un reportage sur des momies "aliens" en Amérique du Sud, reportage moqué par un journaliste de Télérama, ici.
L'ouvrage est donc une volonté de déconstruire les représentations si tentantes pour les crédules croyant à un complot mondial d'archéologues, armés de pelles et de pinceaux qui chercheraient à cacher la vérité concernant les pyramides, un apprentissages par les aliens de technologies supposément trop avancées pour les humains de l'époque. Il décrit tous les systèmes connus pour déplacer les pierres (île de Pâques entre autres), ou ceux pour construire les monuments les plus importants.
Une partie intéressante est celle sur les faussaires qui cherchent à berner les historiens parfois avec succès l'espace d'un moment (comme avec la tiare de Saïtapharnès, l'anecdote est drôle).
D'ailleurs, concernant les mystifications archéologiques, j'en connais 3,(Piltdown en Angleterre, Glozel en France et Shinichi Fujimura au Japon qui s'est fait avoir comme un bleu), et à chaque fois, il y avait des raisons sinon nationalistes mais pour le moins chauvines, à savoir prouver l'antériorité d'une technologie sur un territoire pouvant faire la fierté(?) de tout un peuple.
Souvent, les théories farfelues se fondent sur des théories simplistes, romantiques, loin des connaissances nécessaires et peu séduisantes au premier abord, pour appréhender la complexité des réseaux entre humains, la mise en perspective de la pensée (sapiens plein d'ingéniosité il y a déjà 5000 ans).
Et aujourd'hui, finalement on pourrait se dire que depuis 1975, des progrès ont été faits.. Hélas! la toile regorge des sites énumérant les théories les plus folles concernant les petits gris, les pyramides, les vénusiens...
Je ne suis pas très optimiste concernant l'évolution de ce penchant sociétal qui mêle imposture et complotisme. Depuis 1975, rien n'a changé, cela a même empiré.